La Belle et la Meute, au bout de la nuit.

Tout ceci aurait pu être un conte de fées. Il s'agit plutôt d'une quête effrénée et désespérée. Celle d'une jeune fille victime d'un viol pour obtenir justice. "La Belle et la Meute" est un thriller percutant, un témoignage aussi précieux que nécessaire.

Mariam est jeune, jolie et souriante. Insouciante aussi. 

Lors d'une fête étudiante, elle croise le regard de Youssef avec qui elle s'aventure dehors, sur la plage. Une scène comme il s'en produit des milliers, un samedi soir sur la terre. Quelques heures plus tard, Mariam désorientée et en état de choc erre dans les rues. Elle crie. Elle vient d'être violée par trois policiers. Commence alors une nuit de combats et d'injustices pour cette jeune fille confrontée à une réalité absurde, une réalité dans laquelle une femme n'est jamais vraiment une victime. 

Tragédie

"La Belle et la Meute" est le deuxième film de Kaouther Ben Hania, réalisatrice tunisienne de talent. Inspirée par une histoire vraie, elle transcende un fait divers emblématique pour livrer une oeuvre universelle qui parle de dignité, de justice, d'égalité. 

Du viol, de la violence physique, vous ne verrez rien. Vous ressentirez en revanche la souffrance, la terreur et le choc. Des émotions parfaitement interprétées par l'actrice Mariam Al Ferjani, formidable tragédienne qui livre un combat titanesque pour faire reconnaitre ses droits, porter plainte et faire condamner ses bourreaux. 

Nouveau jour

Elle a peur souvent. Elle sera même sur le point d'abandonner face au mépris de ces autres femmes qui ne sont que froideur. Pourtant, au fil des séquences filmées caméra à l'épaule, numérotées comme autant d'actes de théâtre, c'est une transformation à laquelle nous assistons. Mariam la frêle victime se mue en une combattante féroce dont la résistance face aux loups a quelque chose de mythique. 

La scène finale du film, magistrale, au petit matin, d'un voile qui se transforme en cape de super-héroïne finit de faire de ce long métrage une oeuvre puissante et politique. 

Peut être la promesse d'un nouveau jour pour les femmes tunisiennes et, au-delà, pour toutes celles qui traversent le même genre d'interminables nuits. 

Au cinéma le 18 octobre 2017. 

See Ya 

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