Blade Runner 2049 : Le miroir de l'âme




Fallait-il une suite au mythique "Blade Runner" ? Peut-être pas. Ou peut être que si. En vérité on ne sait plus vraiment tant Hollywood n'en finit plus de recycler et de reloader ses plus grands succès. Que vaut Blade Runner 2049 ? Critique. 


35 ans. C'est le temps qu'il aura fallu pour que Blade Runner ait sa suite. En prenant place dans la salle de cinéma, l'atmosphère du film mythique des années 80 flotte dans l'air. Pas vraiment convaincue, si ce n'est pas le travail de Denis Villeneuve et bien sûr par la présence de Ryan Gosling (pour qui je nourris un amour sans borne), un peu effrayée par les 2h49 annoncées, voilà que le générique commence. 

Oeil

Le premier plan, quasi identique à celui du premier Blade Runner annonce de multiples clins d'oeil et références au film des années 80. Les premières minutes rassurent. D'emblée, la beauté de la photographie, l'intelligence de la mise en scène captivent. La ville du futur, post-apocalyptique, encombrée, polluée et d'où le soleil a disparu est parfaitement dessinée. Certains plans sont d'une beauté qui coupe le souffle. Film contemplatif, méditatif par moment, il est servi par un mise en lumière exceptionnelle. Visuellement, Blade Runner 2049 est d'une beauté plastique rare. 



Logique

L'intrigue, elle-aussi, est plutôt bien amenée et imbrique parfaitement cette suite dans la lignée du Blade Runner de Ridley Scott. Nous sommes en 2049 et la société est toujours fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains, les réplicants. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...

Philosophique

De nombreux thèmes traversent ce nouvel opus. Le rapport à l'autre et la quête de soi sont sans aucun doute les plus prégnants. La mémoire aussi, le miracle et l'espoir ensuite. Qu'est ce qui fait que nous sommes humains ? Cette question restera posée jusqu'à la fin. Oui, "Blade Runner 2049", est de la SF pour adulte, il était temps ! 

Toutefois, handicapé par de trop nombreuses longueurs qui desservent l'action, "Blade Runner 2049" peine à avancer. L'intrigue, peu complexe et souvent cousue de fil blanc, manque de dynamisme et de rebonds. Le casting est impeccable, mais les seconds rôles, peu exploités (coucou Jared Leto et Robin Wright), laissent de nombreuses pistes ouvertes mais abandonnées trop vite.  

Vibrer

Au final, ce sont les émotions qui manquent malgré les bonnes prestations de Ryan Gosling et surtout d'Harrison Ford qui, à la surprise générale, réveille le film. Dans un monde sans âme et où les souvenirs sont factices, Villeneuve ne nous fait pas ressentir cette détresse, cette peur, ou cette colère que l'on attend. Il ne nous fait jamais vraiment vibrer. La musique d'Hans Zimmer, écrasante, n'arrange rien. 

Blade Runner 2049 est un bon film. Il aurait pu être bien meilleur si Villeneuve avait osé transcender son modèle et s'affranchir d'une mythologie vieille de 35 ans. En ne prenant que peu de risques, le réalisateur livre une oeuvre certes magnifique, aux accents bibliques et tortueusement mélancolique mais sans jamais dépasser l'original dans ce qu'il avait de si puissant. Le poids de l'hommage peut être... 

Dommage. 

Note : 7/10


Bande Annonce Blade Runner 2049



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